Chevalier de la Légion d'honneur, 1936.
En donnant le nom de Romuald Joubé à un square, la ville de Saint-Gaudens a voulu honorer un enfant commingeois au destin exceptionnel.
Bien que né à Mazères (Ariège) en 1876, Romuald Joubé s’est toujours considéré comme Commingeois de cœur car ses deux parents étaient issus du Comminges. Sa naissance en dehors de cette contrée n’est due qu’au hasard de l’affectation de son père, gendarme.
Après des études au lycée de Saint-Gaudens où il montre très tôt ses attirances pour le théâtre et le dessin, il entre aux Beaux-arts de Toulouse en 1893. Son goût pour l'art dramatique ne s'étant pas émoussé, il décide de suivre des cours de théâtre au conservatoire de Toulouse. Menant les deux formations de front, il obtient en 1896 un premier prix de tragédie à l'unanimité et un prix de peinture.
En 1897, il part à Paris. Remarqué par Silvain, acteur à la Comédie-Française, il entre au conservatoire de Paris. Il est lauréat de tragédie aux concours publics une première fois en 1901, et une seconde fois en 1902.
Jusqu'en 1903, il fait une tournée brillante avec la troupe de Silvain en France et en Italie. Puis une tournée européenne avec Mme Leblanc Maeterlinck. En 1903, il part au Canada pour apprendre son métier. De retour en France, en 1906, il poursuit ses représentations dans les théâtres de plein air.
Lors d'une reprise des Hommes de Proie de Charles Méré à la Gaité Lyrique, André Antoine créateur du « Théâtre Libre » l'engage à l'Odéon.
De 1908 à 1913, il est pensionnaire à l'Odéon, où il crée de nombreux rôles comme Antar, Le Cid, Roméo, Mitifio. Il remplace Lucien Guitry dans le personnage de Chantecler. Il joue plus de 173 personnages différents durant sa carrière. En concomitance il n'hésite pas à devenir acteur de cinéma muet. Il travaille avec de nombreux cinéastes tels que : Camille de Morlhon, Albert Capellani, Henri Desfontaines, André Antoine, Abel Gance, Emile Couzinet, André Hugon, René Leprince, Raymond Bernard, Henri Fecours, Henri Pouctal, Henri Etiévant.
En 1913, il est engagé par Sarah Bernhardt pour interpréter Lagardère dans Le Bossu.
Pendant la Première Guerre Mondiale, il est mobilisé durant tout le conflit au service de la Justice Militaire, gouvernement militaire de Paris, en tant que caporal. Il poursuit en même temps son métier d'acteur. Il est engagé par Abel Gance pour jouer le rôle de Jean Diaz dans le célèbre film J'accuse qui sort en 1919.
Après le conflit il poursuit sa vocation théâtrale et il est appelé à la Comédie-Française pour un contrat de trois ans où il interprètera tous les grands classiques. Il poursuit sa carrière au cinéma, il joue dans le film Le Miracle des Loups de Raymond Bernard.
Jusqu'en 1939, il va se battre pour défendre le théâtre classique français à l'étranger. Il fait de nombreuses tournées en Europe, en Afrique du Nord, en Argentine, au Brésil et retourne au Canada. Dès qu'il revient en France il défend les théâtres de plein air, et revient toujours jouer dans sa région du Comminges.
En 1934, il interprète Cyrano dans la célèbre pièce d'Edmond Rostand Cyrano de Bergerac et en 1935 il incarne Jésus-Christ dans le Vrai Mystère de la Passion d'Arnoul Gréban, sur le parvis de Notre-Dame de Paris.
Le 20 juin 1936, jour de son anniversaire, le tragédien qui n'a jamais oublié ses racines est récompensé pour ses quarante et un ans offerts à l'art. Il est décoré de la Légion d'Honneur. Considéré comme un excellent messager et défenseur de la langue française à l'étranger, le roi du Maroc le fait officier du Ouissam Alaouite ou Ordre royal d'Al Alaoui. Cette décoration est accordée par le roi aux civils et dirigeants militaires qui ont montré de l'héroïsme dans le combat ou ont contribué à des services méritoires. Il est aussi promu au rang de Commandeur de l'Ordre du Nicham-Iftikhar, ancien ordre honorifique tunisien fondé en 1837, et décerné jusqu'à l'abolition de la monarchie en 1957.
Pendant la 2ème Guerre Mondiale, il poursuit sa passion du théâtre. Il joue aussi dans les premiers films parlants comme dans le film d'Emile Couzinet Andorra ou les hommes d'Airain, ainsi que dans Le Chant de L'exilé d'André Hugon, avec Tino Rossi et Luis Mariano. Jusqu' en 1948 il interprète ses héros de Gascogne, notamment Huon de Bordeaux d'Emile Roudié.
Il décède le 16 septembre 1949 à son domicile de Gisors.
Source : Madame Joubé-Poreau Martine, thèse de doctorat en cours de rédaction dont voici le titre : "Biographie d'un artiste
dramatique oublié : Romuald Joubé, 1876-1949". Université d'Avignon et pays du Vaucluse.