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Un peu de terminologie

Un ORDRE, réminiscence des ordres de chevalerie du Moyen Age, puis des ordres créés par les souverains, est une société dans laquelle on est admis sur la base de ses mérites. Un ordre est organisé avec un grand maître, un grand chancelier, généralement plusieurs grades, une gestion des effectifs et un formalisme notamment pour l'accueil des nouveaux arrivants, avec une cérémonie qui évoque l'adoubement des chevaliers. On ne devrait pas dire "j'ai la Légion d'honneur", mais "je suis de la Légion d'honneur" pour bien indiquer cette appartenance à un groupe, et les obligations de discipline morale qu'elle entraîne.

Un INSIGNE est le signe distinctif d'un grade, d'une fonction, ou ici d'appartenance à un groupe. Les membres d'un ordre portent un insigne. Il est impropre de parler de "médaille" de la Légion d'honneur ; le terme "croix" a été toutefois utilisé depuis le début, on le trouve fréquemment dans la littérature ("croix des braves", ou simplement "la croix").

Une MEDAILLE au contraire ne fait entrer son titulaire dans aucune communauté. C'est une récompense décernée par des institutions nationales ou locales, suivant des critères qui leur sont propres, et de niveau très variable. La plus prestigieuse d'entre elles, la Médaille Militaire, créée en 1852, est administrée par la grande chancellerie de la Légion d'honneur et décernée "au nom du Président de la République". Dans l'ordre de port des décorations, elle se place après la Légion d'honneur et l'Ordre de la Libération, et avant l'ordre national du Mérite et les Croix de Guerre.

Une CROIX est une médaille, mais le terme se veut plus généralement plus relevé : croix de guerre, croix des TOE... A contrario, la Médaille Militaire les précède dans le rang des décorations. Dans la littérature du XIXè siècle, le terme "la croix" sans autre précision désignait la Légion d'honneur.

Une DISTINCTION est une marque d'honneur qui désigne quelqu'un à l'attention d'autrui. La nomination ou la promotion dans un ordre, de même que l'attribution d'une médaille, constituent une distinction. Il existe bien d'autres types de distinctions, par exemple des nominations à des postes honorifiques dans des associations (président honoraire), des diplômes "honoris causa", l'attribution du nom d'une personne à une rue... Une distinction peut être à titre posthume, après le décès de la personne concernée. C'est évidemment le cas pour le transfert au Panthéon, ce l'est parfois pour la Légion d'honneur dans le cas de militaires ou policiers tués en service.

Une RECOMPENSE est un avantage accordé à quelqu'un pour une bonne action, un service ou ses mérites. Le plus souvent il s'agit d'un avantage matériel mais le terme est parfois employé pour une distinction honorifique. D'ailleurs, le code de la Légion d'honneur commence par "Article R1 - La Légion d'honneur est la plus élevée des distinctions nationales. Elle est la récompense de mérites éminents acquis au service de la nation, soit à titre civil, soit sous les armes."

Le terme DECORATION regroupe aussi bien les insignes d'ordre que les croix et médailles, c'est le signe extérieur correspondant à une distinction.

 

Un peu d'histoire

Les plus anciens ordres étaient les ordres de chevalerie, souvent à caractère à la fois religieux et hospitalier ; ils datent de l'époque des croisades : Chevaliers Teutoniques, Templiers, Ordre de Malte...

Les ordres honorifiques ont suivi, avec la Jarretière en Angleterre en 1348, la Toison d'or en Bourgogne en 1430, et dans le royaume de France l'Ordre de Saint Michel, créé par Louis XI en 1469, l'ordre du Saint Esprit par Henri III en 1578, et l'Ordre de Saint Louis créé par Louis XIV en 1693. Tous étaient très sélectifs, les premiers étaient réservés à la noblesse, l'Ordre de Saint Louis attribué au mérite aux officiers catholiques ayant combattu, c'est le premier dont l'attribution se fait au mérite. Louis XV ajouta le Mérite Militaire pour les officiers étrangers protestants combattant au service de la France.

La Révolution Française supprima les Ordres et les récompenses, de fait dès l'abolition des privilèges, de droit en l'inscrivant dans la constitution. L'ordre de Saint-Louis, rebaptisé, survécut jusqu'en 1792.

Le Directoire sentant la nécessité de rétablir une récompense, introduisit les "armes d'honneur" décernées aux militaires ayant eu une conduite héroïque.

Bonaparte alors Premier Consul créa la Légion d'honneur le 29 floréal an X (19 mai 1802), qui est ainsi le premier ordre national encore actif. Il eut du mal à convaincre les jacobins du besoin d'instituer un système qui pouvait rappeler l'ancien régime et les privilèges. Un des points forts, très républicain, est l'universalité de condition sociale, religion, sexe, qui n'a pu être contestée par la suite, ce qui a permis à notre ordre de survivre à tous les régimes politiques.

Les premières nominations dans l'ordre eurent lieu au dernier trimestre 1803, de droit aux titulaires d'armes d'honneur, et aux autres sur la base d'une évaluation des dossiers, puis la première remise de décorations eut lieu le 15 juillet 1804, au tout début de l'Empire.

Jusqu'en 1808, les chevaliers étaient appelés "légionnaires", et jusqu'en 1816, les commandeurs étaient appelés "commandants". La plus haute dignité, grand'croix, fut créée en 1805 et s'appelait alors "grand aigle" ou "grande décoration".

L'ordre n'avait pas qu'une fonction honorifique, mais aussi sociale (entraide pour les anciens militaires, avec les Cohortes qui furent très éphémères), et on dirait aujourd'hui une fonction de "réseau" avec son implantation territoriale.

Une grande stabilité : notre insigne fut fort peu modifié, à part l'effigie sur l'avers (Napoléon, Henri IV, Bonaparte, Cérès...), et au revers (aigle, lys, drapeaux...), et la couronne formant la bélière devenue couronne de laurier. Le mode de fonctionnement de l'ordre a également traversé sans modifications majeures deux restaurations, deux empires, trois républiques. L'ordre fut réservé aux seuls militaires d'octobre 1870 à juillet 1873, avant de retrouver son caractère universel, mais à part cette parenthèse, le fonctionnement fut stable de 1852 (publication du code la Légion d'honneur) à 1962 (sa modification majeure).

Pour en savoir plus sur les débuts de l'insigne et sur la suite

En 1962, le général de Gaulle décida de réagir contre l'inflation du nombre de décorés de la Légion d'honneur, qui dépassait les 300 000. Il créa l'ordre national du Mérite, supprima un grand nombre d'ordres ministériels, et réforma le code de la Légion d'honneur. Aujourd'hui subsistent 7 ordres :
- la Légion d'honneur ;
- l'ordre national du Mérite ;
- l'ordre de la Libération, qui a admis 1036 personnes et 23 collectivités (villes et unités combattantes) jusqu'en 1946 (exceptionnellement Churchill en 1958 et le feu roi George VI d'Angleterre en 1960). Il s'éteindra de lui-même avec le décès du dernier compagnon de la Libération ;
- quatre ordres ministériels : les Palmes académiques, le Mérite agricole, le Mérite maritime, et les Arts et Lettres.

Les décorations actuelles

Il existe des dizaines de croix, médailles commémoratives, médailles d'honneur qu'il serait difficile de hiérarchiser. La grande chancellerie a fixé en 2003 et confirmé en 2010 un ordre de préséance dont voici le début. Entre parenthèses, la date de création. Les décorations sont illustrées ci-dessous.

En juillet 2016 a été créée une "médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme", qui "se porte juste après l'ordre national du Mérite".

Légion d'honneur (29 floréal an X - 19 mai 1802)
ordre de la Libération (1940)
Médaille militaire (1852)
ordre national du Mérite (1962)
Médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme (2016)
Croix de guerre (1939-1945, T.O.E.)
Croix de la valeur militaire (1956)
Médaille de la gendarmerie nationale (1949)
Médaille de la résistance française (1943)
ordre des Palmes académiques (1808, ordre en 1955)
ordre du Mérite agricole (1883)
ordre du Mérite maritime (1930)
ordre des Arts et lettres (1957)
Médaille des évadés (1926)
Croix du combattant volontaire (1939-1945, de la résistance, Indochine, Corée, A.F.N.)
Médaille de l’aéronautique (1945)
Croix du combattant (1930)
Médaille de la reconnaissance française
Médaille d’outre mer (ex. Médaille coloniale)
Médaille de la défense nationale
Médaille des services militaires volontaires
médailles d’honneur ressortissant aux différents départements ministériels
Médaille d’Afrique du Nord et Médaille de la reconnaissance de la nation
médailles commémoratives diverses et assimilées

 

Pour en savoir plus :

Lien vers un site très complet sur le sujet

 

 


La nouvelle médaille de reconnaissance aux victimes du terrorisme

Les insignes de la LdH

L'ordre comporte 3 grades et deux dignités.

Pour les cérémonies

L'insigne grand modèle (dit d'ordonnance, ou "décoration pendante") est porté comme sur cette image (source Wikimedia). S'il y a d'autres décorations, elle doit apparaître en haut et à gauche des autres pour montrer sa préséance.

  • croix argentée pour les chevaliers
  • croix dorée avec rosette sur le ruban pour les officiers
  • idem (un peu plus grande) et en cravate pour les commandeurs
  • croix d'officier et plaque en argent pour les grands officiers
  • ruban rouge et plaque vermeil pour les grands'croix

L'insigne comporte trois parties

  • le ruban rouge moiré, avec une rosette pour les officiers
  • une couronne de chêne et de laurier
  • la croix à 5 branches, à l'avers l'effigie de Cérès et République Française, au revers la devise Honneur et Patrie et la date de création de l'ordre, 29 floréal an X

 

Il existe aussi des "réductions" réservées aux tenues de soirée, portées en principe seulement sur un habit, ou un spencer d'officier.

Au quotidien

L'insigne de boutonnière est agrafé au revers gauche pour les chevaliers. Modèle épinglette pour les grades supérieurs et dignités (et pour les dames chevaliers).

Pour les grands officiers, c'est comme pour les commandeurs mais la rosette est sur deux demi-noeuds argent et or, et pour les grands'croix deux demi-noeuds or.

 

Pour les uniformes professionnels (militaires, avocats...) l'insigne consiste en une barrette, rectangle rouge avec les signes distinctifs des grades et dignités.

Le grand collier, apanage du grand maître

Le dernier à l'avoir porté est Georges Pompidou, depuis il est seulement présenté au nouveau Président de la République lors de la cérémonie d'investiture. Le collier actuel date de 1953. Il est en or et pèse 952 grammes. Il comporte 16 maillons figurant des activités de la Nation et au revers les noms gravés des différents présidents depuis Vincent Auriol.

Charles de Gaulle, François Mitterrand et Jacques Chirac ont effectué deux mandats et ont deux maillons, ce qui en 2022 laisse 3 maillons libres : connaissance du monde, musique, peinture.

Le collier est exposé au musée de la Légion d'honneur, avec ses prédécesseurs dont celui de la IIIè République porté par Jules Grévy à Charles de Gaulle (président du gouvernement provisoire).

Pour en savoir plus sur le grand collier

 

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