Notre compagnon le général de corps d'armée Jean-Paul Raffenne a donné une conférence sur l'opération Harmattan, nom de code de l'intervention que la France a menée, seule d'abord puis avec les Anglo-Américains et enfin au sein de l'OTAN contre la Lybie du colonel Khadafi, du 19 mars au 31 octobre 2011.
Le conférencier, s'appuyant sur une illustration photographique variée, s'est efforcé de souligner les motivations, les caractéristiques majeures et les enseignements de cette opération délicate dans laquelle la France a été directement impliquée. Ceux-ci peuvent se résumer ainsi :
- Le poids et le rôle politique de la France dans le déclenchement de cette opération internationale a été essentiel. La résolution 1973 du Conseil de Sécurité de l'ONU, qui a donné un cadre légal à l'action sur la Libye, résulte pour une grande part de la pression exercée par notre pays.
- C'est la France seule qui la première est intervenue pour stopper l'avancée des blindés du Colonel Kadhafi sur Benghazi grâce à des raids aériens lancés directement depuis la métropole.
- L'Europe de la défense s'est une nouvelle fois fait remarquer par son absence, laissant le champ libre à l'OTAN. On ne peut que regretter que l'Europe ait une nouvelle fois laissé passer sa chance d'agir comme une puissance qui compte dans le monde.
- Pour la première fois depuis bien longtemps les Américains n'ont pas voulu apparaître en première ligne dans un conflit. Mais sans leur appui - notamment au plan de la logistique et du renseignement - l'opération aurait duré beaucoup plus longtemps compte tenu de la faiblesse militaire des Européens à l'exception de la France et de l'Angleterre.
- Plus d'un tiers des frappes de l'OTAN a été réalisé par la France. La quasi-totalité des armements tirés furent des armes de précision (bombes guidées laser, missiles de croisières, missiles antichars).
- Le rôle de l'espace (observation, renseignement, localisation des cibles, météorologie, communications) a été essentiel, ainsi que les capacités de ravitaillement en vol. De plus l'intervention des hélicoptères armés a été déterminante pour compléter l'action de l'aviation, user l'adversaire et faciliter la progression des rebelles à Khadafi.
- Les équipements, les munitions et l'armement français ont donné toute satisfaction notamment l'avion Rafale qui a fait un véritable sans faute, les nouveaux porte hélicoptères ainsi que l'hélicoptère Tigre pour ne citer que l'essentiel.
- On peut être particulièrement fiers du comportement de nos soldats : l'Armée professionnelle, petite et bien entraînée, a démontré toute son efficacité et tout son savoir-faire.
- L'avenir de la Libye reste incertain. Comment rebâtir un pays qui vient de subir plus de quarante ans de dictature ? A l'heure des " printemps arabes " les espoirs suscités par cette évolution sont immenses. La Libye possède bien des atouts pour surmonter ses handicaps et ses divisions. Mais en aura-t-elle la sagesse ?
- La France et les puissances occidentales devront jouer finement si elles veulent pouvoir récolter les bénéfices du renversement du dictateur libyen.
Au total une conférence traitant d'un sujet " chaud " qui a intéressé un auditoire très attentif.